Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
We live with Elvis & guess what, il n'est même pas gros.
20 mars 2013

"Hausu" or "How they invented the LOL Cat way before the internet"

House 1977

 

HOUSE / HAUSU (ハウス) 

by Nobuhiko Obayashi 1977

 

✚ La première raison qui m'a poussé à regarder Hausu, c'est son poster. Un immense Garfield de l'enfer, la grande classe non? J'ai mes propres rituels quand il s'agit de choisir un nouveau film à regarder: d'abord, trainer sur un des nombreux blogs secrets que je connais et qui regorgent d'informations. J'ai remarqué que plus je viellis, plus j'ai tendance à choisir des films à priori étranges pour nourrir mon cerveau. Il y a une raison toute simple à ça: mon imagination est et a toujours été vaste et hors norme, me poussant à sélectionner des oeuvres qui auraient le pouvoir de me surprendre plus que celles qui sont simplement belles ou bien produites. En fait, peu m'importe que le film soit considéré comme bon tant qu'il m'apporte des élements de surprise intellectuelle. C'est pour ça que j'ai toujours aimé les vieux films d'horreur: pour parvenir à créer un univers, on y trouve des idées et des réalisations techniques et esthétiques incroyables. La dernière étape de ma croisade est d'écrire un article quand je pense que le film visionné est une oeuvre d'art pour une de ces raisons. Le processus est un peu différent avec Hausu. Ce n'est pas une oeuvre d'art, pas vraiment. Ce n'est pas non plus un film. Bienvenue dans l'article le plus étrange que vous lirez jamais.

 

✚ The first reason why I wanted to watch House (Hausu if you're speaking japenglish) was because of its poster. A giant evil Garfield: fucking fabulous, right? I have my own rituals when it comes to picking a new movie to watch: first, I hang out on one of the many blogs I know, waiting for a post to catch my attention. The more I gain age, the more I tend to choose the weirdest movies I can find to fead my brain. There is a reason to it: my imagination is so huge and strange that I need something that could actually surprise me more than something beautiful and/or well done. It doesn't matter if the movie isn't really good, it is for me as long as it has the particularity of creating a reaction or a surprise in my head. This is I think why I love old horror movies so much. It's not even about the blood and suspense but more about the ideas used to implement a unique universe. The last point in my crusade is writing a review when I think the movie is a fucking piece of art for whatever reason. The process is quite different with Hausu. It's not a piece of art, not really. It's not a movie either. Welcome to the weirdest review you'll ever read.

 

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

Capture d’écran 2013-03-11 à 16

 

✚ L'histoire est toute simple: Gorgeous, le personnage principal, découvre que son père va finalement se remarier des années après la mort de sa femme. Très choquée, elle décide de partir pour l'été chez sa tante, qu'elle n'a pas vu depuis les funérailles de sa grand mère. Elle emmène avec elle six amies, toutes nommées après une de leur caractériques principales (Melody pour la pianiste, Sweet pour la fille gentille...). Ouais, je sais, on se croirait dans un conte de fées, sauf qu'au lieu des sept nains habituels on se retrouve avec sept filles bruyantes sur les bras. Dès  le moment où elles s'installent dans l'ancienne demeure, les choses deviennent instantanément bizarres et elles commencent à disparaitre une à une... mangées vivantes par la maison. Vous vous demandez sûrement où est la tante dans tout ça? Mmmh, très occupée à rester en vie alors qu'elle est déjà morte constitue un bon début de réponse. Le pouvoir de l'amour, bitches! (vous comprendez plus tard, promis).

✚ Laissez moi vous éclairer un peu sur ce film: ce n'est pas vraiment un film d'horreur à proprement parler. Même si je suis sûre qu'il a fortement inspiré le génial Evil Dead de Sam Raimi, on fait face ici à un nouveau genre en la matière (due en grande partie à l'époque à laquelle il a été tourné, c'est à dire 1977): Le Film d'Horreur Psychédélique... et j'insiste sur le côté psyché de la chose. Vous suivez? Cool.

 

✚ The story is quite simple: Gorgeous, the main character, finds out her dad is finally remarrying several years after his wife's death. Very shocked about it, she chooses to run away to her aunt's house even if she hasn't seen her since her grandmother's funeral. She invites six friends of hers on this trip, all named after their main characteristic (Melody for the pianist, Sweet for the simple girl...). It looks like we're stuck in a fairytale, but instead of seven dwarfs, we're dealing with seven noisy girls laughing around. From the moment they arrive on location, things get weird and they start to disappear one after the other... eaten alive by the house. Where is the aunt you'll ask ? Well, it seems that she's busy trying to stay alive even though she's already been dead for years. The power of love, bitches! (you'll understand that one later).

✚ Let me clear this up for you: Housu is not a proper horror movie. Though I'm sure Sam Raimi's "Evil Dead" was inspired by it, what we're facing here is a new genre due to the early years of production (1977) : the Psychedelic Horror Movie... and I do insist on the psychedelic side of it. You got it ? Good.

 

Capture d’écran 2013-03-11 à 16

Capture d’écran 2013-03-11 à 16

 

✚ A partir de là, cet article va se scinder en deux points distincts. J'aimerais vous parler du film en lui-même, bien sûr, mais aussi et surtout de la façon dont on peut essayer de changer la manière dont notre esprit voit et assimile chaque oeuvre à sa disposition. Ca m'est venu en tête en regardant Hausu, sans aucun doute parce que c'est le plus étrange, quasiment énervant, des films que j'ai pu visionner. Je pouvais littéralement m'entendre penser pendant que j'essayais de comprendre le sens des images qui défilaient devant moi. Fait notable, pour la première fois de ma vie, je ne savais plus quoi penser. Normalement, mon cerveau travaille dur et rapidement pour que je puisse, pendant que j'apprécie un film, voir ce que je peux en tirer pour moi-même et ainsi agrandir les limites de mon imagination et de ma créativité. C'est relativement facile pour peu qu'on soit curieux, sachant que chaque oeuvre contient ses propres questions/réponses, avec un chemin tout tracé d'émotions et d'utilisations techniques qu'on a juste à emprunter. Avec Hausu, impossible. C'est comme un mauvais rêve de fumeur de weed: terrible, ridicule, poétique, drôle, plein de couleurs et apparemment sans sens aucun. Je me serais sans doute marrée comme une conne si je l'avais regardé avec des potes mais j'étais toute seule avec mon chat. Ce qui était mieux. Avec d'autres je n'aurais vu que le côté stupide et hilarant du film alors que seule, j'étais bien obligée de lire entre les lignes et de le voir tel quel: un putain de beau film, avec énormément de bonnes idées esthétiques (aussi bien dans le sound design que pour la photographie). C'est ce que je vais essayer de vous montrer avant que vous le voyiez.

 

✚ I would like to start a "read bewteen the lines" article here. The movie is nothing but an excuse to try to change your mind about how you see and assimilate every single piece of entertainement you can find (music, books, cinema...). It crossed my mind when I first watched Hausu, maybe because it's the strangest, close to annoying film I've ever seen. For the first time, I could litteraly hear myself thinking out loud while I was trying to understand the visuals in front of me. Yes, for the first time in my life, I was confused. Usually my brain works pretty hard and fast so I can enjoy a movie (and/or a song, etc...) and in the meantime see what I can use from it. This is how I can push the limits of my creativity and imagination. It is in fact pretty easy when you're curious: every piece of art contains its own question & answer, with a visible path of emotions and technical use you just have to follow while watching/listen etc. With Hausu, you can't. It's like a pot smokers's nightmare: terrible, ridiculous, poetic, funny, full of colors and apparently meaningless. I would have laughed real hard if I was watching it with some friends but I was alone with my cat (which was -I think- better). With others I would have just seen the stupid and funny side of it whereas alone I had to see it for what it was: a fucking beautiful movie, with a lot of good aesthetic ideas (in sound design as well as in the photography). This is what I'll try to show you before you watch it.

  

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

 

✚ Malgré un ton très léger (c'est parfois de la comédie à l'état pur), le sujet de l'histoire est lui, plutôt triste. Presque poétique. Une femme (la tante) attend depuis des années le retour de son amour de la guerre, regardant sa soeur se marier pendant qu'elle est peu à peu oubliée, seule dans sa vieille maison. Elle sombre alors dans la folie et meurt. Enfin, seulement en théorie. En fait, le pouvoir de son amour est si grand qu'il l'aide à rescussiter en tant que fantôme. Depuis lors elle hante sa maison, y attendant le passage de jeunes filles... pour dévorer leurs âmes, et ainsi rester à jamais une jeune mariée. N'oubliez pas qu'on parle ici d'un film japonais. Je ne suis d'ailleurs pas surprise que le premier film à me surprendre autant soit tout sauf occidental.

 La culture japonaise m'a toujours fascinée pour deux raisons: leur façon de tout tourner en dérision mixée avec une foi inébranlable en l'inexplicable. Je m'explique. Dans la trame classique des films d'horreur américains, chaque situation est un problème. Ce problème doit être expliqué et résolu, et même si on y trouve les élements classiques (morts, suspens...), le point principal est la solution trouvée par les héros qui nous amène à un gentil happy end. Pas de place pour le bizarre (sauf dans certains films excellents comme The Thing de Carpenter). Comparées à cette (ennuyeuse) façon de penser occidentale, les histoires japonaises sont assez fabuleuses. Rien n'est étrange. Un fantôme hante ta maison et veut te tuer? Ouais, normal. Le passé laisse des marques sur le présent, et il faut simplement l'accepter si tu veux vivre en paix. Ainsi, les monstres ne sont pas des monstres, juste des élements qui ont leur place dans nos vies... tout comme la mort. Alors pourquoi ne pas plaisanter sur ces choses là?

 

✚ Though the tone of the movie is light (sometimes pure comedy), the subject of the story is quite the opposite. Almost poetic. A woman (the aunt) has been waiting for years for her true love to come back after he had to go to war, watching her sister get married while she's slowly forgotten, alone in her old house. She sinks into madness (who wouldn't have?) and dies. I mean, she only dies in theory. In fact the power of her love helps her to stay alive as a ghost, haunting her house and waiting for unmarried young girls to pass by. Their souls are all she needs to rise again as a young bride... Don't forget that we're actually talking about a japanese movie. I'm not suprised that the first movie to turn my head upside down wasn't occidental at all.

✚ Japanese culture fascinates me for two reasons: first of all, their way of make a mockery of anything mixed with a really strong faith into the unexplainable. The second one is that the past is way more important than the future. Future doesn't have a place in their fairytales. Let me clear this out. In regular american horror movies, every situation is a problem. This problem needs to be explained and solved, despite death and suspense, the most important point is that heroes will always find a solution which will lead to an happy ending. No place for the bizarre (except in some brilliant movies like The Thing de Carpenter). Compared to that (boring) occidental way of thinking, japanese stories are quite amazing. Nothing's strange. You have a ghost in your house trying to kill you? Well, it's pure routine. The past can leave some marks on the present, and you have to understand them, then accept them if you wanna live in peace. Monsters are not monsters, they have their place in our lives as well as death. That's all. So why not joke about it ?

 

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

 

✚ Si la narration tragi-comique laisse parfois à désirer (ce qui en fait quand même un bon film pour rigoler de manière spasmodique comme un gros phoque), ce n'est pourtant pas d'une importance capitale. L'univers ici est bien plus intéressant que le parti pris choisi pour mettre en scène les évènements du film. Même si ce côté comique peut se révèler passablement agaçant, on peut y trouver son compte en décidant de ne pas le prendre au sérieux. Attendez, il faut quand même préciser que ce film a inventé le LOL CAT plus de 10 ans avant internet, donc merde, respect. Oui, il y a un chat avec des yeux lasers. Je dois m'incliner. 

✚ Lorsqu'on on se penche du côté purement technique du film, on se prend une jolie claque esthétique, et c'est là tout l'intérêt que je porte pour ce film. Ne me dites pas que vous n'êtes pas tout émoustillés par les screens que j'ai pris et postés (il ne faut pas mentir, ça fait pourrir le zizi). Oui, Hausu est beau. Avec certainement aussi peu de moyens qu'un film produit en Serbie par l'Assiociation Unie des Fermiers Libres, Nobuhiko Obayashi arrive pourtant à nous offrir une esthétique digne d'un Blanche Neige et les Sept Nains produit par un cerveau génialement malade et gothique. Peinture sur pellicule, découpages et collages d'images, superpositions ne sont que quelques fragments de ce qu'on peut y découvrir. Une vraie pépite pour qui rêve de produire un jour des clips hors du commun.

✚ Mais le point le plus scotchant reste sans doute le traitement du son. L'Exorciste et Suspiria mis à part, c'est la première fois que je tombe sur un sound design aussi déroutant. Il est une histoire dans l'histoire à lui tout seul, et créé le maigre suspens qu'on est en devoir d'attendre d'un film d'horreur, qu'il soit marrant ou pas. Allons-y carrément, les sons sont ici le côté sérieux et noir du film. Une superposition constante de bruits se fait entendre tout au long du visionnage, intelligemment dosée et apportant des indices sur ce qui hante la maison, et pourquoi. Bandes de voix passées à l'envers, tic-tac d'horloges, murmures, rires lointains, distortions de bruits du quotidiens, tout ça sans relâche jusqu'à la conclusion. Tout la subtilité du film réside là.

 

✚ The fact that the tragi-comedy tone of the movie might be annoying isn't important. The whole world of Hausu is way more than that. The key is not to take it seriously. Wait, do you know that this movie invented the LOL CAT ten years before the internet? Yes, it did, with the eye-lasers cat. Respect.

✚ Let's move on to the technical side of the film. It sure is like a slap in the face. Don't tell me you're not excited in front of your computer while looking at the screenshots I took (don't lie, it makes your wee-wee rot). Yes, Hausu is beautiful. With certainly as many funds as a Serbian movie produced by the United Free Farmers Association, Nobuhiko Obayashi still offers us an aesthetic worthy of a White Snow, except that the production was left with a sick and dark brain. Roll paintings, cuttings and montages, superimpositions and much more are used here. A real gem if you're planning to shoot some videoclips one day.

✚ What's absolutely fabulous (more than the eye-lasers cat) is the sound design. The Exorcist and Suspiria put aside, it's without a doubt the most disconcerting sound experience I've ever lived. It is like a story within the story, creating all the suspense and developing an uneased sensation all along. Let's say it: the sounds are the dark side of the movie. The constant superimposition of sounds brings us some clues about what's going on and why. Voices played backwards, clocks' tick-tock, whispers, weird laughs, distortions of everyday life noises, all of that, on and on, until the end. All the movie's subtlety is found in here.

 

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

 

✚ J'ai choisi de vous parler de Hausu pour toutes ces raisons, mais aussi avant tout parce qu'il constituait la meilleure leçon de choses possible pour démontrer combien il est dommage de passer à côté d'enrichissements intellectuels juste par préjugé ou manque d'ouverture d'esprit. Nous ne nous en rendons sans doute plus compte, mais nous consommons tous des films dans les limites de nos catégories sociales et intellectuelles, sans chercher souvent à nous enrichir dans des domaines que nous ne maîtrisons pas ou que nous pensons, de prime abord, pas faits pour nous. Cette façon de prendre sa culture trop au sérieux est quelque peu triste quand on y songe bien. Parfois, je trouve ça bon de se parodier soi-même, tout comme Hausu ou de nombreuses autres oeuvres ont essayé de le faire avant nous. On y trouve souvent des trésors, qui, si on n'avait tenté l'aventure hors des sentiers battus, seraient restés en sommeil comme la tante dans sa vieille maison. Au pire, on peut toujours bien rire. Pas vrai?

 

✚ I chose to write a review about Hausu for all these reasons, but above all because it proves you how shameful it is to miss out on some good intellectual enrichment because of prejudice and/or lack of open-mindedness. We may not realize it but we all consume movies within the limits of our social and intellectual status. This way of being so serious about culture is truly sad when you think about it. It is sometimes good to parody ourselves just like Hausu or many other movies try to. It's the only way of finding treasures which would have stayed unknown forever without our curiosity, just like the aunt in her old house. And if the movie is shit, you'll still have a good laugh. Right?

 

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

Capture d’écran 2013-03-11 à 17

Publicité
Publicité
Commentaires
I
Très intéressant.
Publicité